Edito : Une petite loi

Edito

Une petite loi

Sept ministres de la santé en sept ans, quatre ministres délégués ou secrétaires d’État aux personnes âgées ou à l’autonomie, avec de longues périodes sans personne pour épauler le ministre de tutelle… contrairement à l’économie, l’intérieur ou les affaires étrangères, la stabilité et la lisibilité gouvernementales ne sont pas de mises quand il s’agit de santé, de social ou de solidarité.

En revanche, il n’est pas impossible que le duo Catherine Vautrin – Fadila Khattabi, sans préjuger de leur sincérité ni de leur sensibilité aux dossiers dont elles ont la charge, conserve une forme de continuité avec leurs prédécesseurs : le manque d’ambition réelle. Certes, la proposition de loi « portant mesures pour bâtir la société du bien-vieillir et de l’autonomie » a été adoptée par le Parlement à l’issue du vote favorable du Sénat le 27 mars. Mais les défenseurs du secteur n’ont pas manqué de critiquer la faiblesse des mesures et la disparition du calendrier de la loi de programmation sur le grand âge. Gabriel Attal, Catherine Vautrin et Fadila Khattabi, dont le portefeuille a été récemment élargi aux personnes âgées pour couvrir tout le champ de l’autonomie – un effort de cohérence à souligner -, bottent systématiquement en touche lorsque leur est posée la question de la fameuse loi de programmation.

En attendant, la proposition de loi qui vient d’être votée créé des instances et valide des  mesures de principe, mais n’est pas beaucoup plus engageante lorsqu’on en parcours les points principaux : Conférence nationale de l’autonomie, Centre national de ressources probantes au sein de la CNSA, Service public départemental de l’autonomie, extension de l’utilisation des « registres canicule » municipaux à la lutte contre l’isolement social, droit de visite des proches en établissements, nouveau circuit de recueil et de suivi des signalements de maltraitance sous l’égide des ARS, carte professionnelle pour les professionnels intervenant au domicile, validation de l’expérimentation de la tarification au forfait dans l’aide à domicile dans 10 départements.

De quoi répondre aux besoins véritables du secteur ? Rien n’est moins sûr, d’autant que les coupes budgétaires annoncées par Bercy ne présagent rien de bon. Qu’on se le dise, le virage domiciliaire, dont la pertinence a encore été confirmée par le rapport du Haut conseil de la famille de l’enfance et de l’âge, sera aussi une longue course de fond. 

Patrick Haddad
Rédacteur du Journal des Assises du Domicile